« Mon mari a créé notre domaine de toute pièce, en véritable autodidacte. »
Installés dans le petit village de Lachaux, près de Vic-le-Comte, Yolande et Thierry Sciortino travaillent main dans la main sur le domaine de Lachaux, depuis 2013. Ce vignoble, créé par Thierry en 1998, s’étend aujourd’hui sur six hectares de vigne récoltés manuellement. La gamme comprend sept vins, élaborés à partir des cépages Chardonnay, Gamay et Pinot noir… Des Côtes d'Auvergne AOC, des Côtes d'Auvergne IGP et des Côtes d'Auvergne cru CORENT.
Un concours de circonstances
C’est lors d’une rencontre en 1998, que Thierry la trentaine à peine, alors électricien industriel décide de créer son propre domaine. La vigne, il connaissait, car il exploitait une parcelle de 1500 m² avec son père, mais là, il s’agissait de fonder sa propre exploitation. Un refus de la cave coopérative de l’intégrer dans son groupement va alors motiver Thierry à se lancer seul. Après, une formation destinée aux jeunes agriculteurs en poche, l’aventure commence vraiment en 2002, quand Thierry décide d’abandonner son emploi de salarié pour se consacrer à son domaine. « Nous avons démarré de rien, nous avons dû tout acheter, des parcelles, des bâtiments, des cuves, du matériel. Dans une volonté de suivi de toutes les opérations nécessaires à notre travail de vigneron, nous avons fait le choix d’être autonome en acquérant des bacs à vendanges en inox, tapis, pressoir, égrappoir et groupe d’embouteillage. Et aujourd’hui nous possédons 12 parcelles sur un rayon de 14 km autour de l’exploitation. Notre objectif, nous prémunir des aléas climatiques, travailler sur des terroirs différents, tout en respectant les zones de notre AOC.
« Il faut rendre à César, ce qui appartient à Thierry »
A la question sur son métier de vigneronne, la réponse de Yolande est directe : « C’est lui le vigneron, en véritable autodidacte, c’est lui qui gère d’une main de maître les terres de notre exploitation. Je l’ai rejoint en 2013 après avoir quitté mon emploi d’assistante administrative et financière. Cette expérience professionnelle me sert d’ailleurs tous les jours dans ma mission de gestion et de développement commercial de l’exploitation. »
La qualité plutôt que la quantité
Si aujourd’hui, Yolande et Thierry ne comptent pas élargir leur domaine au-delà de leurs 6 hectares, ils n’ont pas pour autant l’intention de faire stagner leur exploitation. « Nous essayons d’avancer dans l’air du temps, et essayons constamment de nous remettre en question. Nous pratiquons la vente directe de notre gamme de vins* », (NDLR) élaborés à partir des cépages Chardonnay, Gamay et Pinot noir, qui leur confèrent des notes d'agrumes, de fruits noirs, d'épices et leur attribue des tanins légers, souples et soyeux. « Pour la culture de la vigne, nous avons mis en place des plantations nouvelles avec des ceps sélectionnés ainsi que la restructuration des anciennes vignes sous forme d’arrachage afin d’améliorer le travail à effectuer. Notre récolte est exclusivement réalisée manuellement afin d’assurer un tri sélectif de la vendange. »
Le vignoble d’Auvergne, un vignoble à refaire découvrir
Les cépages auvergnats ont connu leur apogée à la fin du XIXème siècle, 40 000 hectares de vignes sont recensés à cette période... Pour ensuite presque disparaitre à cause de parasites. Aujourd’hui, le vignoble des Côtes d’Auvergne s’étire sur 400 ha au cœur d’un paysage vallonné, modelé par des milliers d’années d’activité volcanique. Courant du Nord au Sud de Clermont-Ferrand, entre Riom et Boudes, sur 80 km le long de la façade Est de la Chaîne des Puys et sur 15 km d’Est en Ouest, le vignoble est morcelé en îlots isolés, implantés sur 53 communes du département. Le vin des Côtes d’Auvergne est associé aux rois de France. La qualité du vin s’améliore au point d’étendre sa renommée dans tout le royaume. Le vin auvergnat commence par séduire le roi Henri IV qui servira à sa table ce vin « royal ». Puis plus tard, ce vin coulera à flot à Versailles sous Louis XIV.
Quand on interroge Yolande sur la spécificité du vignoble d’Auvergne aujourd’hui, sa réponse est enthousiaste : « Ce sont vraiment des vins qu’il faut faire venir découvrir ou redécouvrir, notamment lors de nos dégustations, … Je ne suis pas très objective, mais je crois dur comme fer à leur énorme potentiel. »
Pour en savoir plus : http://www.vignerons-auvergne.com/domaine-de-lachaux
02/03/2022