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04/23/2025
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Travail de la vigne

Plantation et complantation : des leviers fondamentaux pour la pérennité du vignoble

Alors que les périodes de plantation et de complantation marquent des temps forts dans la vie du vignoble, il est essentiel de rappeler que la réussite de ces opérations repose sur deux piliers : une préparation du sol de qualité et une gestion rigoureuse de la préparation des plants. Trop souvent reléguée au second plan, cette dernière étape conditionne pourtant directement la vitalité, la résilience et la longévité des ceps. Retour sur des expérimentations de terrain et les bonnes pratiques à adopter. 𝘗𝘢𝘳 𝘙𝘦𝘯𝘦́ 𝘔𝘰𝘳𝘢, 𝘧𝘰𝘳𝘮𝘢𝘵𝘦𝘶𝘳 𝘦𝘯 𝘵𝘢𝘪𝘭𝘭𝘦 𝘱𝘩𝘺𝘴𝘪𝘰𝘭𝘰𝘨𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘦𝘵 𝘳𝘦́𝘨𝘦́𝘯𝘦́𝘳𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘭𝘴

Préparer le plant, c’est penser à l’avenir

Un plant de vigne acheté en pépinière ne se résume pas à un assemblage génétique. Il constitue un tout : un système racinaire, un potentiel énergétique hérité de son cycle de croissance, et une architecture qui va déterminer sa capacité à explorer le sol. Or, nombre de plants présentent un excès de racines au niveau du talon. Ce foisonnement, s’il n’est pas corrigé, peut nuire au développement harmonieux du cep : risques de strangulation progressive des racines entre elles, distribution inefficace de l’eau et des éléments minéraux, enracinement superficiel…

Trois modes de préparation racinaire comparés

En mars 2023, une expérimentation conduite sur une parcelle en côte de Beaune ( Pinot Noir sur porte-greffe identique), a permis de comparer trois méthodes de préparation racinaire avant plantation. Les observations, menées neuf mois plus tard, mettent en évidence des écarts de développement significatifs : 𝐌𝐞́𝐭𝐡𝐨𝐝𝐞 𝟏 : 𝐬𝐮𝐩𝐩𝐫𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐭𝐨𝐭𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐫𝐚𝐜𝐢𝐧𝐞𝐬 Cette technique classique, qui consiste à couper les racines très court avant plantation à la fourchette ou au pal. Réitération racinaire importante au niveau du talon. Cette repousse est dense et peut développer, et la croissance des plants reste limitée. Cette pratique est intéressante sur les nouvelles plantations pour gagner du temps à la mise en place. Elle nécessite une très bonne préparation du sol pour permettre aux racines de prospecter le profil en profondeur. 𝐌𝐞́𝐭𝐡𝐨𝐝𝐞 𝟐 : 𝐫𝐞́𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐫𝐚𝐜𝐢𝐧𝐞𝐬 𝐚̀ 𝟐 𝐜𝐦 Ici, les racines tendent à se réorienter vers le haut à partir des points de coupe, favorisant une architecture désordonnée et, avec le temps, une possible auto-strangulation. Ces racines restent souvent superficielles, rendant la plante vulnérable au stress hydrique et réduisant son espérance de vie. Le fait de tailler les racines à plus de deux centimètres ne garantit pas une meilleure reprise que de tout couper à deux millimètres. Dans les nouvelles plantations, cette méthode engendre des racines qui se retournent vers le haut au moment de l’enfoncement du plant à la fourchette. Cette position racinaire accompagnera le pied de vigne toute sa vie. L’espérance de vie du cep peut être réduit. 𝐌𝐞́𝐭𝐡𝐨𝐝𝐞 𝟑 : 𝐬𝐞́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝟑 𝐨𝐮 𝟒 𝐫𝐚𝐜𝐢𝐧𝐞𝐬 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐫𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐬, 𝐭𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞́𝐞𝐬 𝐚̀ 𝟏𝟎 𝐜𝐦 En privilégiant une implantation via un trou muni d'une butte au fond pour guider les racines vers le bas, cette approche permet une colonisation plus efficace du sol. Les plants ainsi installés ont montré une croissance vigoureuse, une meilleure exploration racinaire et une absence de mortalité sur la durée. La réitération des racines est plus importante au niveau des trois ou quatre racines sélectionnées que sur le talon. Cela permet une bonne prospection des racines dans le profil. Cette pratique est à privilégier pour la complantation des ceps.

Des résultats confirmés par la profession

Les observations de terrain sont en phase avec celles de la Chambre d’agriculture du Vaucluse. Quatre ans après plantation, les plants conduits selon le schéma de la « racine en étoile » présentent un état sanitaire supérieur, une absence de dépérissement, une meilleure production de bois et une implantation racinaire plus profonde et plus équilibrée.

Viser la durabilité dès la plantation

Planter ou replanter une vigne, ce n’est pas seulement faire un trou et y mettre un plant. C’est un acte fondateur, dont les conséquences se feront sentir pendant des décennies. Dans un contexte de changement climatique et de pressions sanitaires accrues, chaque détail compte. 𝐏𝐞𝐭𝐢𝐭 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥 𝐮𝐭𝐢𝐥𝐞: Si vous ne faites pas de trous pour planter, alors pas de racines sur la plante. Pas de trous, pas de racines. Même si cet article ne traite pas de l’ébourgeonnage de première année, retenons qu’une bonne reprise est indissociable d’un équilibre harmonieux entre racines et rameaux.
Prendre le temps de bien préparer les racines aujourd’hui, c’est garantir un vignoble mieux ancré, plus autonome, plus productif… et durable. C’est aussi respecter le vivant et construire un outil de travail fiable pour les générations futures.
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