Paroles d’expert : Régis Falxa, Président des vignerons indépendants de Gironde

Lundi 7 novembre

PGE : « Le gouvernement doit comprendre que nos demandes sont légitimes »

En 2020 pour faire face à un avenir incertain après l’apparition du Covid, le gouvernement français a apporté son soutien aux entreprises en se portant garant d’un prêt européen (PGE). Cette mesure a eu un effet positif immédiat dans la plupart des exploitations viticoles et ces PGE ont été consommés intégralement chez la quasi-totalité des demandeurs.

Cependant, l’avenir de la filière allait s’assombrir suite aux restrictions sanitaires qui se sont poursuivies, aux épisodes de gel et de grêle, à la guerre en Ukraine, à l’inflation, aux taxes Trump, aux difficultés d’approvisionnement, etc. Aujourd’hui, nombreux sont les vignerons qui ne peuvent rembourser ce prêt. 

« Nous demandons au gouvernement français de prendre en compte les spécificités de notre filière en proposant des mesures qui pourraient éviter la faillite de nombre d’entre eux, il doit comprendre nos demandes qui sont légitimes. » 

En, effet, ces prêts contractés sont remboursables sur 5 ans à partir de 2021… Et c’est là que le bât blesse

 

Un recours massif au PGE pour couvrir les charges

La succession des aléas depuis fin 2019 a eu un impact notable sur la santé financière des entreprises viticoles. Cependant, les aides mises en place par les pouvoirs publics ont permis de surmonter la situation et de faire face aux charges qui continuaient de courir (salaires, fournisseurs, charges fixes, etc...). Ceci s’est cependant bien souvent réalisé au prix d’un important endettement supplémentaire, grâce à la mobilisation du Prêt Garanti par l’Etat (PGE).

Un allongement des délais de remboursement

Les organisations syndicales du secteur se battent aujourd’hui, pour que le gouvernement accepte un étalement du remboursement de ce prêt sur 10 ans et ce sans conséquences bancaires, c’est à dire ne pas être inscrit au Fichier national des incidents de remboursement. 

L’objectif est de rattraper l’écart qui va se creuser entre des rentrées financières très amenuisées de par la faible récolte à commercialiser, des marges qui ne se reconstituent pas du fait de la hausse des coûts, et des charges supérieures liées à l’endettement supplémentaire alors même que les trésoreries ont été fragilisées et très affaiblies par les 24 mois de crise sanitaire. Il ne s’agit pas ici d’un abandon de dettes mais une prise en charge d’intérêts par les banques et l’État. 
 

« Aujourd’hui, nous ne demandons pas l’impossible. Nous savons que nous devrons rembourser ce dû, mais nous faisons face à l’impérieuse nécessité d’étaler cette dette au-delà de la durée prévue et de faire bénéficier cette mesure aux entreprises viticoles ayant contracté un prêt inférieur à 50000€ et qui n’en n’ont déjà pas la possibilité à ce jour via le médiateur du crédit. Cette demande ne coûtera rien à l’état Français. Un étalement de la dette permettra toujours à l’Europe de récupérer plus d’argent qu’un refus avec les conséquences que l’on imagine… Une impossibilité totale de payer. » 

En conclusion : si cet étalement est refusé, nous assisterons à des banqueroutes et l’Etat qui est garant sera donc dans l’obligation de payer. Notre ambition est donc de préserver au mieux les entreprises du secteur, TPE agiles et résilientes, qui ont fait preuve de beaucoup d’adaptation, et qu’il est nécessaire aujourd’hui d’accompagner en desserrant la pression bancaire qui immanquablement va peser sur elles dans les mois qui arrivent.


07/11/2022